Le rejet de la proposition de loi Duplomb, le 4 juin dernier à l’Assemblée nationale, marque un épisode révélateur des tensions entre monde agricole, environnement et pouvoir législatif. Derrière ce revers apparent se joue en réalité une partie bien plus stratégique… dont les effets pourraient ressurgir prochainement.
Déposée par le sénateur Laurent Duplomb, la proposition de loi visait à « lever les contraintes pesant sur les exploitants agricoles ». L’idée : simplifier les procédures, réduire le pouvoir des services de contrôle, limiter certaines obligations environnementales, et faciliter les projets agricoles contestés. Le texte portait ainsi la promesse d’un « choc de simplification », soutenu notamment par la FNSEA et une partie de la droite parlementaire.
Pour ses opposants – élus écologistes, LFI, socialistes et une partie de la majorité présidentielle – le texte allait bien au-delà de la simplification. Il représentait une tentative assumée de dérégulation, au profit des grandes exploitations industrielles. La Confédération Paysanne a dénoncé un texte « qui sacrifie la santé publique sur l’autel du productivisme agricole ».
Si le texte a été rejeté en séance publique, l’histoire ne s’arrête pas là. Une commission mixte paritaire (CMP), réunissant députés et sénateurs, doit désormais tenter de trouver un compromis. Objectif : aboutir à une version plus consensuelle, susceptible d’être adoptée sans générer autant de tensions médiatiques. Plusieurs députés Renaissance et Horizons, désignés pour siéger en CMP, pourraient ainsi jouer un rôle clé dans cette réécriture.
Certains observateurs voient dans ce scénario le fruit d’un calcul politique : en soumettant un texte maximaliste, Laurent Duplomb aurait volontairement provoqué un rejet visible… pour ensuite peser sur les arbitrages à huis clos. Une tactique qui met la pression sur la majorité présidentielle à quelques jours des élections européennes.
Cette séquence met en lumière un clivage profond : faut-il alléger les normes pour soutenir la compétitivité du monde agricole, ou maintenir des garde-fous stricts pour répondre aux enjeux environnementaux et sanitaires ? Derrière cette opposition, se dessine un débat de fond sur le modèle agricole que la France souhaite défendre à l’avenir.
Ces dynamiques législatives peuvent modifier en profondeur les équilibres territoriaux, fiscaux et environnementaux.
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